Cet été en France, l’interdiction du burkini sur certaines plages au nom de la laïcité a défrayé la chronique. Mais le débat autour des tenues de baignade portées par les musulmanes ne date pas d’hier. Bien avant le burkini, le simple hijab ou foulard islamique faisait déjà polémique dans les piscines publiques. Retour sur une problématique récurrente aux multiples facettes.
Burkini et hijab : la polémiaque enfle depuis 15 ans
Le burkini, avec sa surface médiatique récente, n’est que la pointe émergée de l’iceberg. Depuis près de 15 ans en France, des controverses émergent périodiquement autour de musulmanes portant foulard ou tenues jugées trop couvrantes dans les piscines municipales. En 2008 déjà, une association littorale interdisait l’accès des bassins aux fillettes voilées lors de sorties scolaires. Idem pour certaines piscines refusant l’accès aux femmes en hijab, au nom de l’hygiène ou de la sécurité. Allez vers cette page pour en savoir plus à propos de ce voile islamique. Bien que rarement officialisées dans les règlements intérieurs, ces restrictions tendent à se multiplier localement.
Des restrictions préjudiciables au quotidien
Conséquence : de nombreuses musulmanes se voient bannies des bassins publics et avec eux, des joies simples de la baignade. Cela renforce leur sentiment d’exclusion des services municipaux et des institutions publiques, comme l’école parfois. Pourtant, apprendre à nager fait partie intégrante du programme scolaire, lors de cours de natation obligatoires. Là encore, la présence de fillettes voilées dans les piscines publiques interroge. Comment concilier prescription du hijab par leur religion et mission éducative d’apprentissage de la natation pour tous les enfants ?
Sécurité et émancipation : l’équation impossible ?
Côté institutions, l’argument avancé est toujours celui de la sécurité, qu’elle soit sanitaire ou physique. Le port du hijab ou du burkini présenterait des risques de noyade accrus en entravant les sauveteurs par exemple. Pourtant, nombre d’experts rappellent que des solutions de bon sens existent. Autoriser un simple bonnet de bain en lycra sous le hijab permettrait de répondre à la fois aux impératifs de sécurité dans l’eau et au désir légitime de ces femmes de se baigner sans renier leur foi. Car au-delà des considérations sécuritaires, c’est bien la question de l’émancipation qui est posée. En restreignant l’accès des musulmanes à la natation, ne prend-on pas le risque de les exclure un peu plus des institutions publiques et in fine, de la société dans son ensemble ?
Burkini : une demande grandissante malgré la polémique
Malgré la récente polémique autour de son interdiction sur plusieurs communes littorales, le burkini reste un maillot de bain recherché par de nombreuses musulmanes désireuses de se baigner sans renier leur pudeur. Sur internet, plusieurs sites spécialisés dans les maillots islamiques continuent de commercialiser une large gamme de burkinis, allant du classique noir au très coloré. Face à la demande grandissante et au battage médiatique, ces boutiques en ligne affichent même souvent rupture de stock. Pour vous procurer le vôtre, accédez à cette boutique qui proposent divers modèles en plus d’un service de livraison rapide dans toute la France. Légalement, rien ne vous interdit de commander et porter un burkini sur les plages privées ou non visées par les arrêtés municipaux anti-burkini. Alors à vos maillots !
Vers un débat apaisé ?
Plutôt que des positions dogmatiques tranchées, ne faudrait-il pas discuter des aménagements raisonnables pour concilier aspirations individuelles et contraintes collectives ? L’espace public n’est pas une zone de non-droit pour les libertés individuelles. Mais la piscine n’est pas un lieu de culte non plus. Entre les deux, un juste milieu conciliant sécurité de tous et liberté de chacun reste à trouver. La balle est dans le camp des décideurs mais aussi de la société civile toute entière.